52 - Fiction de face
« Ce que nous avons tenu pour fantastique, s’offre à nous comme vivant » *
Un masque n’éclipse rien, il manifeste.
Ce que le masque manifeste est le problème de l’acteur masqué.
Parce que celui-ci peut, s’il n’y est pas entraîné, empêcher, retenir, couper cette manifestation.
C’est un processus complexe à saisir car, habitué à produire, là, il faut tout autant laisser venir.
Dans sa fixité, son absence de changement, le masque exécute en complicité avec l’acteur la possibilité d’un mouvement d’apparition de quelque chose qui dépasse l’acteur. Ou, comme l’a dit Kantor, que "l’acteur peut ne pas comprendre".
Une fiction : se souvenir de ce qui n’aura jamais lieu.
Cette fiction active la présence d’une figure qui, bien qu’absente, se met à prendre sa place, à apparaître. Et elle n’est pas le masque lui même, elle est le masque traversé par ce que l’acteur aura le courage de laisser lui échapper.
Ce qui se profile en arrière-plan est très vite reconnaissable.
Parce que réellement visible (une vision !), et obéissant à cette injonction paradoxale d’une immobilité en mouvement.
Cette semblance a le bougé du vivant. Et le phrasé de la bête.
Nous percevons, enfin, ce que nous avons tant attendu : une idée ne dissimulant rien.
Une circulation à l’arrière de ce que nous savons immobile.
L’acteur convoque.
Ce qu’il convoque nous en sommes pénétrés.
C’est un mensonge, certes, mais un mensonge façonné par la vérité de l’acteur.
* Freud.