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Le paysage est au cœur de la pratique du jeu masqué.
Mais il serait plutôt topographique. Dessin d’un topos pour acteur, le graphe s’apparente à l’écrire. Ecrire sans les mots. Idée de grapher donc, de penser le geste du dessin qui, reproduit, fait langage. Ce topo est celui du masque lui même, de son style, de sa pâte. Avec l’intention objective de le brosser mais aussi de le mesurer. Question de formes, de couleurs, de volumes, de traditions, de processus, de symboliques... ainsi que d’amplitudes, d’oscillations, de périodes...
Et ce n’est pas simplement du paysage dont l’acteur doit s’enticher.
Il doit trouver le courage de dessiner une carte dans le paysage du masque.
Sa propre carte.
Ce qu’est une carte, chacun peut le percevoir : une série de points, de passages, de rendez-vous, de rencontres, de croisements, des puits, des marchés, des panneaux, des maisons, des chemins, des sentiers, des routes, des hauts, des bas, une forêt, des cairns, un arbre, un désert... liés les uns autres par notre hypothétique circulation dans ce dessin, notre carte de points et de lignes. Sa particularité, c’est d’être réutilisable. Réutilisable par soi. A l’échelle de soi.
C’est l’imagination qui dessine. Alors méfiance.
Mais la carte n’est pas le parcours.
L’acteur, donc, devra choisir son parcours sur la carte qu’il aura dessiné lui même au cœur du paysage du masque.
Le parcours : série de trajectoires et d’arrêts, d’hésitations et de raccourcis, de temps perdu et d’errances lumineuses...
C’est avec le corps que l’interprète parcourt.
La question est donc de savoir s’il n’y a qu’un paysage par masque.
La réponse est non. Car, même à la marge, c’est aussi du ressort de l’acteur que de déterminer le paysage. Et cela contredit les acteurs Balinais par exemple. La première caractéristique d’un paysage c’est qu’il est vu, fut- ce même sur l’écran mental-panoramique de chacun. Chacun voit la vérité (la réalité) à sa porte (son fantasme). Faut y croire, l’enfant est bien capable d’attraper les avions dans le ciel !
C’est la pensée qui voit.
Après avoir pris le temps de voir le paysage du masque (pensée) au cœur duquel l’acteur dessine sa carte personnelle (imagination), ce qui importe, c’est qu’il y entreprenne un parcours (corps).
De celui-ci, nous serons, encore, les témoins.