49 - Sérendipité

Bien sûr la technique : question d’état de corps, de conviction, de centre, de puissance d’arrêt, de motricité...Et cela vaut aussi pour la parole.
Shakespeare ne veut pas de cet effet littérature française. Il veut du concret. Il exige des corps et des timbres, des folies et des silences bruyants. Du sang potentiel.
Ce soir là, fidèles au principe de sérendipité que nous avons fait notre, une cérémonie s’impose à nous.
Nous pourrons percevoir, immergés de vapeurs d’encens dans un village dont personne n’a vu le nom, les mouvements rituels du danseur (acteur ?) de topeng pajegan.
Puissamment projetés sur le ciment du temple, les masques s’enchainent et se répondent. Pénasar de sa voix de métal met tout le monde d’accord : on l’écoute.
Sidakaria est gigantesque de cosmique et un Bondres jaune fait rire/peur aux gamins qui se moquent de nous les blancs (orang bule) gentiment...
Passent les chiens, les odeurs de cigarettes aux clous de girofle, les femmes de tous âges, les danses sans spectacle... Tout danse icí.
L’équipe Dérézo est consciente qu’hors des sentiers battus à touristes, subsistent encore des merveilles de mystère où la question d’y croire ne se pose plus.
Il fallait le vivre.
Puis en parler.
Notre théâtre sera bouleversé, parceque nous le travaillons en jetant nos corps dans une Bataille onirique. Nous comprendrons après.
Chaque jour nous tissons les lignes superbes qui confirment que nous avions raison de tendre un fil fraternel entre Shakespeare et Bali.