36 - La ville

Des auréoles en cerceaux brunissent la moquette vermillon des bus épuisés.
Ça fuit de partout…
De musées en musées, on se lasse.
Faut payer comptant ses errances. Ses attentes.
A coup de jambes de bois, d’yeux plissés et d’acouphènes...
À coup de visions répétées à l’infini : millier de femmes fluettes et de pieds sales. Millions de Roupias et de jus trop sucrés.
Centaines d’hommes questionnant d’un regard de sang pour une course triportée à pas cher.
Kilomètres de paroles sans sens, qui sortent des nez.
Quintaux de mouvements frénétiques adultes.
Et Godard de me rappeler encore et encore que les enfants sont des prisonniers politiques…
C’est la guerre.
Celle des lueurs et des signaux électroniques qui cliquent et claquent.
Le cul des véhicules arrosent les satés et autres sotos d’une fumée carbone.
Les moustiques se la donnent.
La fureur et le bruit ne tarissent jamais.
Fête foraine sans manège, les roues tournent.
On ne s’arrête pas ici, on se bat, on circule.
Les corps en prennent pour leur grade.
Tout le monde est jeune et le cosmique a définitivement perdu son "s".

Puis, sur la ville le rideau tombe.
Enfin.
Claquent alors les mains de la pluie sur la bataille métallique.
Le milliard de pneus s’entiche du son "route mouillée". Chhhhhhhhhh...
Le désir, intact, s’impatiente en coulisse. Il attendra l’animal.
Le théâtre des opérations est poisseux maintenant.
Les dieux s’y empêtrent...

La suite ?
Retour sur Bali.