34 - Petites mains

Voici donc une technique qui paye : laisser se présenter les gens et les choses.
Alors, dans les méandres imprévisibles du labyrinthe de béton, je marche...

La ruelle sans interêt entichée de quelques brocanteurs m’offre ce muret de Goleks.
Bien maquillées en antiquités ? Peu importe.
Elles sont là en famille, elles rient de la fureur qui leur fait face.
Bobines légères, habillées précis, micro-têtes de bois...

Une par une, elles n’ont pas grand intérêt pour moi.
Ce qui me plait c’est le petit peuple.
Le multiple. La tribu.
Tous ces petits gens, sans drapeau, sans prétention.
Tribu qui vient confirmer les échanges dramaturgiques avec Lisa L. sur la Tempête, prochaine création de la compagnie.
Car, au delà de mes recherches sur le masque et l’acteur/trice masqué/e, j’entrevois le double fond d’une tribu qui viendrait nous jouer la tempête...
À voir avec ce qui est là, devant moi : maquettes de corps, couleurs, caractères, tronches, regards... mélange.

Par opposition aux Goleks de cours, elles n’ont pas de ceintures, habillées d’un bout de tissu, d’un reste de rien qui devait trainer par là...

Ni l’air d’attendre ni l’air d’avoir été posées là.
Immobiles, elles me forcent à bouger.
Je suis vu, elles me mâtent...

Une humanité se fait saisir, une animalité aussi. Curieux.
Humalité ou Animanité, c’est selon.

Shakespeare accroches toi, on arrive...