25 - Syncope

Aujourd’hui, la pluie. Grosse.
La température ne change pas. C’est toujours ça.
Avant de partir je mets de côté les bouts de tronc aux nez pointus qui, après la hachette, laissent une tête se présenter.
Demain, coups de gouges, glissades de pangutiks.
Plus tard poncer... puis peindre.

Les questions d’équilibre, ça obsède.
Les masques tordus me plaisent.
Enjeu : équilibrer le tordu.

Par quelques inclinations sèches, avec l’habitude on devient capable de saisir sa promesse : s’il regarde net, s’il reste présent dans ses profils, ses axes.
Piquer du nez, opiner du chef.
Je passe en revue ceux qui sont prêts à partir avec les troupes Javanaises.
Les couleurs soutenues, feux d’artifices symboliques pour chaque caractère, captent la lumière, l’oeil...

Ici, les traits sont plus fins, on ne cherche pas le monstre. (Comme à Bali.)
Ici, le facteur fait vieillir, salit.
Car un masque ça vient de loin. Questions de mythologies (vieux), de voyage (sale) et d’amour (les deux).
Un bon masque est un masque qui peut.
Le reste regarde l’acteur/trice.
Un bon masque ça brouille, crée le flou. Et le flou, le doute.
Le net c’est l’affaire de l’actant.
Peindre le masque c’est l’enticher d’une époque et d’une fonction d’avant les gens, d’avant nous. Pas facile. Faut y croire.

Puis, harponner le regardant.
Sans savoir pourquoi, quelque chose se passe. C’est tout.
Savoir quoi...à chacun sa fiction, son délire.
Pour certains c’est le folklore des objets de peu, pour d’autres le pied d’appel du sacré.

Ce qu’il y a d’humain opère un renversement immédiat vers ce qu’il reste d’humain.
Plus tout à fait des hommes et pas encore vraiment ?
Cet entre deux m’excite... je fonce.
Syncope du réel.
Promesse d’autre chose au coeur du connu.
Une course, depuis, et pour toujours...