2 - Ecole de rue

Ici tout semble organique.
C’est l’art de cultiver le fortuit.
Ou l’impensable ou l’incalculable.
C’est aussi le temps passé à "tomber à la rencontre".
Le temps de se perdre au bon moment et au bon endroit.

La pluie torrentielle arrive en quelques secondes.
Elle m’oblige à stopper ma moto sous le premier bout de toit qui se présente... et l’école est là.
Epicerie en bord de route.
A même le sol les apprentis jouent. Entre deux sms, entre chips, boissons trop sucrées et une multitude de babioles ne me disant rien, ils s’entêtent.
Le maitre est à la flûte, il ne dit rien et joue sans s’arrêter y compris quand les autres déraillent, coupent, ralentissent, fument, semblent changer de partition.
Ils ratent, recommencent, transpirent, rient... ils sont entièrement tendus, non pas vers la réussite, non pas vers le juste son, le juste tempo, mais vers ce qui m’échappe encore...
Ils perpétuent.
La pluie passe.