19 - Qui voit quoi ?

Ce soir là j’atterris à PadanBaï.
Cérémonie + danses + Gamelan et... transes.
Ce fût une première pour moi.
Faut le voir pour le croire.
Difficile de rendre une photo correcte, entre la pluie, l’ambiance, et le choc, j’ai pas eu la distance du reporter de guerre... Un métier.
Au début, ambiance bon enfant. D’ailleurs beaucoup d’enfants sont là.
Transmission ?
Musique. Prêtres. Offrandes.
Le tout dans un espace bien symbolique. Chemin vers le niskala.
Puis les danses. Trois femmes.
Puis les figures masquées : ici Rarong, puis Barong, puis Garuda et ses amis, animaux totémiques ... sympa les gars !
Puis vient Rangda. Aïe.
Spectaculaire. Long. Répétitif.
Très physique, premières transes au loin, une femme crie, je vois rien, j’entends.
Dans une mélopée primitive à deux gongs sentencieux, une vingtaine de minutes chargées où chacun se demande si le ciel va nous tomber sur la tête. Et quand le Balinais ne rie plus... ça craint. Les consonances de la langue dans les voix des Balinaises encore assises à mes côtés, burinent mes oreilles douloureuses de trop entendre. Tout est son, mes sens se serrent.
Paf : feu d’artifice de corps qui se tendent en hurlant, un enfant d’une dizaine d’années en face de moi, yeux révulsés, agite ses mains en papillon, il voit. Un homme se tend au point que ceux qui le tiennent et l’empêchent de se blesser par ses convulsions, sont secoués, en pleine tempête de corps ils sont cinq six sept, se font balader par les muscles électriques, certains en rient... que voient-ils ? C’est drôle ?
Devant l’épidémie de très-haut et le risque de perdre une dent voir plus, la foule se met à bouger, partir-rester, ambiance automobilistes qui ralentissent pour voir le sang de l’autre côté de la glissière de sécurité...
Un autre réussit à se libérer de ses anges et traverse la foule en hurlant (Full métal jacket : sir yes sir !) vers un monstre invisible pour nous autres ; il tape et renverse des corps puis se fait plaquer. Le bruit des mandales me rappelle mes deux ans de rugby. C’est bruyant un corps qui voit.
Des femmes abandonnées sont portées prés de l’orchestre, elles balbutient, marmonnent, dialoguent avec qui ?
Le troupeau de transeux est contenu là, devant les lames de métal qui claquent, jusqu’à ce que les prêtres réapparaissent et jettent de l’eau façon bénitier dans la mêlée.
Pogo mystique.
Les presque-plus-humains se calment lentement dans la torpeur, la sueur, les coudes râpés...et les enfants pour certains pétrifiés.
Semis de tongs.

Trente et une personnes sont parties en cacahuète...
Chiffre officiel.

Faudra creuser la question.