• 47 - Picasso

    Nous avons retrouvé une connexion internet.
    Se connecter et se déconnecter : une des astuces de l’immersion.
    Entrecoupées de longues heures de moto, nous avons traversé d’impressionnantes ambiances.
    A l’image des figures de la pièce nous questionnons ces situations que nous pouvons toucher du doigt : une force magique se soulève entre nos terreurs et nos désirs.
    Merci Picasso.
    Questions d’interprètes.

    , par Charlie

  • 46 - anniverssaire

    Dans le vif du texte nous élaborons les plans de cette mise en scène où le forain vient taquiner le quatre centième anniversaire de la mort de l’auteur...
    "Shakespeare c’est comme le bon vin, faut attendre avant de l’ouvrir" me glissera à l’oreille un acteur fatigué mais rieur.
    Les hypothèses se confirme : un théâtre d’acteur !
    Un théâtre qui ne se clos pas sur lui même. Une épopée méchante et drôle. Une île ronde et des esprits, des puissants et des sans grade. Une levée infernale du magique, dressé entre nos terreurs et nos désirs. Politique.
    Nous travaillons sous le Wantilan du temple derrière chez moi. Un préau sacré où nous sommes tenus de travailler en tenue traditionnelle.
    La distribution tournante (6 acteurs pour 12 personnages/figures) nous contraint à des circonvolutions magnifiques.
    Chacun se fait dramaturge de son parcours de rôles dans la pièce.
    Chacun se cherche sur l’échiquier du sens qu’est cette pièce sans limites.
    Mais pourtant chacun devra disparaitre sous le fil narratif, sous la ligne de faible résistance qu’est ce principe de distribution tournante.
    Les femmes joueront des hommes.
    Une figure c’est au moins trois interprètes.
    Entrer dans ce théâtre est une affaire particulière. Violente mais drôle.
    La traduction de Desprats opère à merveille.
    A suivre...

    , par Charlie

  • 45 - Avec la tête

    Puisqu’il s’agit d’immersion et non de résidence, je tente d’établir des connexions.
    Connexions toujours improbables.
    Le carburant de cette exercice punk : la sérendipité !
    La trace énigmatique et millénaire gifle l’immédiateté de nos instincts d’occidentaux.
    La traversée musclée des charmes cosmiques Balinais griffe nos corps gauches et raides de français de France.
    Nos yeux fatigués, le sont aussi de ne plus avoir le choix : nous sommes ici pour travailler, pour nommer, pour percevoir : Shakespeare versus Indonésie.
    Quand l’ordre des choses te met la tête à l’envers, faut laisser faire.
    C’est la soif de "comprendre avec la tête" qui use.
    Ces yeux qui cherchent, ces artistes qui attendent, n’ont rien à perdre. Heureusement.
    Ils cherchent ce qu’il faut attendre et attendent de savoir quoi chercher.
    Leur corps, encore eux, douillent dés 8h du matin pris en sandwich : si ne ce n’est moi, c’est Nyoman Setiawan le maitre de Topeng pajegan (danse/jeu masqué sacré). A deux nous les observons, nous les astiquons. Je les vois jouer sans savoir qu’ils jouent, trop occupés à apprendre les chaines de gestes symboliques qui s’additionnent par dizaines dans leur esprits qui disjonctent. Leurs corps de Calibans tentent du Prospero aux entournures. Trip théâtral matinal.

    L’après midi, tout est là devant eux, simple mais complexe : du rien et du plein.
    L’architecture est un temple au milieu des rizières, les anciens apportent les offrandes, le canard va y passer et les bouts de gras des festivités oubliés ça et là nous font hésiter avant de poser nos arrières trains empaquetés d’un sarong coloré à 70000 roupia.
    Quand les visages buriné des paysannes souriantes aux pieds éclatés d’ongles noirs ont allumé les encens dans une ronde bavarde-comique, entre le prête qui ne nous regarde pas, qui ne regarde personne... mais qui semble tout voir. C’est son métier.
    Ce mage à la tunique blanc sale agite sa clochette et parle en tailleur avec les esprits, jette de l’eau de ses doigts bruns de pianiste, dit quelques mantras qui servent de repères pour coller le riz sur nos fronts et boire l’eau sacrée qui nous inquiète de son potentiel laminoir de nos intestins...
    Nous ne sommes plus des spectateurs ?
    Le silence est d’or.
    C’est une cérémonie dédiée aux rizières.

    , par Charlie

  • 44 - Témoins

    Perdre ses repères chaque jour un peu plus pour se caler sur d’autres courbes, d’autres sons, d’autres mots.
    Question couleurs je sais que le symbolique se fait une place en marchant sur la tête du sens.
    Mais qu’y faire ?
    L’idée même du politique se dérobe sous nos pieds nus et il n’est plus question d’y croire, faut encaisser, c’est tout.
    Voila encore une des tentations de l’être humain : tenter vainement de transformer le monde en raisonnement et de nommer cela le réel ...
    Je regarderai alors tout à l’heure le reste de l’équipe arriver bien blanc et se transformer lentement chaque jour en acceptant tendrement de devenir, eux aussi, témoins…
    Etre témoin est un exercice difficile.
    "Ni manger ni être mangé" nous dira le sage.
    L’immersion à commencé.

    , par Charlie

  • 43 - Avec Shakespeare

    Make Art not War nous dit un mur de Sukawati.
    Retrouvailles avec Bali, équipé des lunettes de Shakespeare.
    Faut voir l’effet sur les camarades.
    Les corps changent, ils s’illuminent. Ce doit être les fruits.
    A moto les épaules se tentent : rigolo.
    Les yeux sourient.
    Et puis la langue.
    Le jet lag en guise de psychotrope, nous voila embarqués vers ce qui sera bientôt de la matière à travailler le plateau.
    C’est la Tempête !

    A suivre...

    , par Charlie